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Lampiris, tu m’as totalement déçue

Eh voilà, la nouvelle est tombée. Lampiris rejoint Total. Et moi qui encourageais toutes mes amies à y passer… Ben oui : une société à taille humaine ; fournisseur vert ; belge et –ça a son importance– le call center était plein de gens terriblement sympathiques.

Déception, indignation, désespoir donc, quand le 14 juin, j’apprends dans les médias le rachat de Lampiris par le géant français Total.

Ils prétendent que cela ne change rien. Mais, éthiquement, j’en suis moins sûre.

Tout d’abord, c’est la Belgique qui perd une entreprise belge, au profit de la France. Pas que j’ai quelque chose contre nos amis français, que du contraire puisque mon grand-père l’était. En ces temps de morosité économique, n’est-il pas important que la Belgique conserve ses entreprises ?

Mais ceci n’est qu’une peccadille par rapport à ce qui me gêne le plus. Oui, Total est la représentation même du pollueur menteur. De cette société pétrolière qui détruit, saccage, pille les trésors environnementaux de notre planète, tout en arguant des discours marketing opaques. J’exagère, peut-être ?

Total, pollueur menteur

Si Total rachète Lampiris, c’est parce qu’il veut développer son marché : en gaz et électricité.  En tant que société productrice d’énergie faisant face aux défis climatiques, Total a raison de se diversifier.

Pourquoi Total se diversifie ?

Car extraire le pétrole coûte de plus en plus cher. Non seulement, il se fait de plus en plus rare mais  il nécessite aussi des techniques complexes d’extraction : il faut aller le chercher de plus en plus loin ou sur des surfaces particulières (fonds sous-marins, glace, roche…). De plus, si les Etats s’engagent réellement à respecter la limite d’augmentation de la température à 2 degrés (au-delà, plus aucun retour en arrière n’est possible), il faudra effectuer un virage énergétique et se passer de pétrole. D’où l’intérêt de développer le marché du gaz, et donc racheter Lampiris, CQFD.

Ce que Total veut nous faire croire

Sur son site, Total nous explique sa fantastique stratégie face aux changements climatiques. C’est beau, on a presque envie de verser une larme. La communication a fait un beau boulot là derrière. Ce que veut nous fait croire Total, c’est que finalement, il agit pour notre bien. Oui car, dans sa section Société et environnement, Total affirme qu’en “tant qu’acteur majeur de l’énergie, nous veillons au respect de l’environnement, à la santé des personnes, à la sécurité de nos produits et installations, ainsi qu’au développement social et économique des pays dans lesquels nous sommes implantés”. Malheureusement, ce discours marketing est fortement en contradiction avec les agissements sur le terrain de Total.

Total sur le terrain

Est-ce réellement pour notre bien que Total fore en Arctique ?

En 2012, la direction de Total affirme que le forage de pétrole en Arctique n’aura pas lieu car le risque environnemental est trop élevé. Pourtant en 2014, on apprend que Total a acheté du pétrole produit en Arctique par la plate-forme pétrolière russe Gazprom.

Est-ce réellement pour notre bien que Total détruit l’écosystème de l’Egiland ?

Total a développé des usines à gaz au Nigeria depuis 1962. Les principaux impactés ? Des communautés d’agriculteurs du clan Egi. Explosion d’usine à gaz, pratique illégale de torchage du gaz, vols de terres agricoles, expulsion massive, pollution des eaux, de l’air et des sols ne sont que quelques exemples des agissements de Total en Egiland.

Voici deux illustrations concrètes du soi-disant respect environnemental et social de Total au Nigeria :

  • En 2012, un accident d’usine à gaz a particulièrement mis à mal les habitants de la région : celui a  contaminé les cultures et les sols. Depuis, la population locale attend une indemnisation…
  • Total pratique également le torchage du gaz, illégal au Nigeria depuis 1984. Le torchage du gaz consiste à brûler le gaz qui s’échappe de l’usine, ceci contribuant à renforcer l’effet de serre et entrainant des retombées de pluie acide.

Le rapport de l’ASBL Les amis de la Terre est édifiant à ce sujet. Cette ASBL a d’ailleurs nominé Total au Prix Pinocchio (prix dénonçant les abus environnementaux et sociaux) en 2014.

Est-ce réellement pour notre bien que Total pollue les plages du Gabon ?

En Afrique, les politiques environnementales sont largement inexistantes. Tout bon pour les industries pétrolières, qui peuvent s’en donner à coeur joie. Au Gabon, Total est accusé de catastrophes environnementales. En 2015, une pollution aux hydrocarbures  est constatée sur les plages d’infrastructures off-shore. Le littoral est envahi de marée noire. Sans surprise, la société nie toute responsabilité.

Est-ce réellement pour notre bien que Total exploite les sables bitumineux canadiens ?

L’exploitation des sabes bitumineux est pourtant l’une des plus polluantes au monde, avec des impacts environnementaux majeurs : émissions de gaz à effet de serre élevées, destruction des sols, pollution massive et surexploitation de l’eau. Par ailleurs, cette technique est également très coûteuse. Paradoxal de relever le défi climatique de cette manière…

Est-ce réellement pour notre bien que Total pratique la fracturation hydraulique ?

La fracturation hydraulique permettant l’exploitation de gaz de schiste est extrêmement controversée, en raison de risques environnementaux majeurs. Pourtant en Argentine et en Algérie, les sites de Total pullulent.

La technique de fracturation hydraulique (injection d’eau sous haute pression pour fracturer la roche) est une technique très coûteuse en ressources hydrauliques. Elle engendre des pollutions à plusieurs niveaux.

  • à court terme : pollution des eaux (radioactives), émissions de gaz à effet de serre, fuites de méthane, risque sismique, dégradation des sols, de l’air, des paysages.
  • à moyen et long terme : les puits d’extraction sont inutilisables après quelques années. Les autres impacts environnementaux n’ont fait l’objet d’aucune étude. La contamination de l’eau et du sol aura sans nul doute des impacts à long terme sur l’environnement et la santé humaine.

Est-ce réellement pour notre bien que Total fo(i)re partout dans le monde ?

Je pourrais continuer longtemps sur le sujet : en Australie, en Europe, au Brésil, en Angola…partout où Total passe, les droits sociaux et environnementaux trépassent.

Pour ceux que ça intéresse, le rapport “Total, le contre-bilan annuel” est vraiment très bien fait, agréable à lire et bien documenté.

Total, société parmi les plus polluantes au monde

Total fait partie des 50 sociétés les plus polluantes au monde, et parmi les 6 plus polluantes en France. Par ailleurs, historiquement, Total fait partie des 90 sociétés qui ont le plus contribué à l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Alors que Lampiris rejoigne Total, et soutienne que cela ne changera rien pour ses clients, n’est-ce pas de l’hypocrisie ? N’est-ce pas dénigrer les fondements même des choix d’une partie de sa clientèle ? Moi, c’est principalement l’énergie verte fournie par Lampiris qui a orienté mon choix. Même s’il était plus cher que d’autres. Et ce qui me fait partir ? Une nouvelle fois, ce n’est pas les tarifs, ni même leurs possibles changements de contrat (je ne vais même pas attendre jusque là),

non si je quitte Lampiris, c’est pour des raisons de principe.

 

Et j’en suis persuadée, je serai loin d’être la seule.

Vers quel fournisseur vert se tourner ?

Dès septembre, Greenpeace sort un nouveau rapport sur les fournisseurs verts. Promis, je veillerais à relayer l’info sur Littlegreenbee !

En attendant, il est déjà possible de consulter le classement de 2014.

En savoir plus

 

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4 commentaires
  1. Francaise, j’étais passée chez lampiris avant tout pour une énergie propre… Je suis proprement outrée de découvrir cette fusion avec un des plus gros pollueur de la planète et exploiteur d’hommes, qui non content de se racheter ainsi une ” virginité”, va augmenter les prix de manières significatives selon le rapport greenpeace sur les énergies renouvelables qui vient de sortir.
    C’est proprement honteux !
    personnellement je suis en train du coup de me rapprocher de “planète oui” qui du coup serait pour moi ce qui me correspond le mieux, le meilleurs du rapport étant “enercoop”…

    Je suis proprement outrée !
    Merci pour votre article,
    Biduline

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