Rapport du GIEC 2021 sur le changement climatique : ça dit quoi ?

Vive le monde, le monde est mort…Du moins tel que nous l’avons connu. Jamais un rapport du GIEC n’aura fait autant de tapage médiatique que celui-ci. Après la covid, voici venu le temps de la débâcle climatique, se réjouissent les médias. La fin du monde, leur fonds de commerce. Mais finalement, c’est quoi ce rapport du GIEC ? Et le GIEC, c’est qui ? Quel est le but de leurs écrits ? Petit tour d’horizon dans cet article.

Le GIEC c’est quoi ?

Le GIEC, c’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat créé en 1988 par Bert Bolin, météorologiste suédois et directeur du GIEC de 1988 à 1997. Ses travaux à l’Université de Stockholm ont porté en particulier sur les pluies acides et le cycle du carbone.

La création du GIEC a été confiée au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Celle-ci émane d’un questionnement tant scientifique que politique (le G7) sur l’environnement et ses perturbations qui commencent à être révélées dans certains rapports, comme le rapport de Jule Charney sur le réchauffement climatique paru en 1979.

Le GIEC est organisé en trois groupes de travail qui réunissent chacun des centaines d’experts :

  • le premier groupe étudie les aspects scientifiques du changement climatique,
  • le deuxième groupe traite des conséquences socioéconomiques et environnementales des changements climatiques et des possibilités d’adaptation,
  • le troisième groupe examine les possibilités de réduction des gaz à effet de serre et du changement climatique en général ainsi que les politiques à mettre en oeuvre.

Les rapports du GIEC, des procédures longues et laborieuses

Tous les cinq à six ans depuis 1990, le GIEC publie des rapports d’évaluation primordiaux pour les scientifiques et les gouvernements du monde entier. C’est ensuite dans les COP (Conférences des Parties) que des actions concrètes sont envisagées. Vous l’aurez compris, les rapports du GIEC sont le résultat de procédures extrêmement laborieuses, complètes et lentes. En fait, tout ce que le rapport du GIEC a publié en 2021, je l’ai déjà appris lors de mes études en Environnement achevées en 2015. Autant vous dire que ce foin médiatique m’agace un peu. Mais en fait, la complexité du rapport du GIEC c’est d’obtenir un consensus entre centaines de scientifiques, d’où le fait que les résultats tardent à émerger au grand public. Ce que je veux dire aussi par là, c’est que la panique, cela ne sert à rien de l’attraper maintenant, car ce discours existe depuis des décennies…Il a juste pris un peu de temps à atterrir dans la sphère publique.

En gros, c’est la merde, mais c’est pas neuf. Et…on peut toujours agir, mais plus question d’attendre.

Pourquoi avoir créé le GIEC ?

Le GIEC a été créé pour fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques. En gros, les politiques se sont dit qu’il serait bon de réfléchir un peu au changement climatique et la meilleure manière de le faire n’est-il pas de créer une Commission ?

Cette année, le 6e rapport du GIEC est sorti le 09 août 2021. Les groupes 2 et 3 du rapport du GIEC doivent approuver leurs rapports en février et mars 2022. Le rapport de synthèse est prévu pour fin septembre 2022.

Résumé des anciens rapports du GIEC

Nous comprenons mieux à l’heure actuelle le changement climatique que lors du 1er rapport, en 1990. C’est-à-dire que des choses suspectées par les experts scientifiques sont aujourd’hui confirmées.

Source : Le Monde.fr (différence de connaissances entre 1990 et aujourd’hui)

1er rapport du GIEC de 1990

Le premier rapport du GIEC a été publié en 1990. Il sert de base scientifique à l’élaboration de la Convention Climat de l’ONU, signée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. A cette époque, on mentionne la cause anthropique du changement climatique avec réserve. Y est néanmoins indiqué, stricto sensu, que “les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l’atmosphère des gaz à effet de serre.” Quatre scénarios sont élaborés : le A, où aucune mesure n’est prise; les B, C et D qui correspondent à des niveaux de réglementation croissants. Dans le scénario A :

  • la température moyenne globale augmenterait de 2 degrés par rapport à la période pré-industrielle en 2025,
  • le niveau de la mer s’élèverait de 30 à 50 cm d’ici 2050.

L’augmentation globale des concentrations de GES aurait de lourdes conséquences pour les écosystèmes, la biodiversité, les ressources hydriques, la qualité de l’air et des communautés humaines plus vulnérables (comme les insulaires).

Le rapport propose de soutenir financièrement la recherche et les pays en développement, mais aussi d’encourager les programmes de sensibilisation et de reconnaitre l’importance d’une coopération mondiale. Par ailleurs, tous les pays sont concernés mais à des degrés différents : la majeure partie des émissions de GES étant causée par les pays industrialisés, ils doivent prendre des mesures nationales mais aussi aider les pays en développement, d’un point de vue technologique et financier, sans pour autant faire obstacle à leur développement. Il est également important de souligner le défi que représente l’accroissement démographique qui jouera un rôle majeur dans l’augmentation des émissions de GES. Une dizaine de mesures à court, moyen et long terme, aux échelons régional, national et international sont ensuite proposées : aménager les modes d’aménagement forestier, recourir à des technologies plus propres, élargir la surveillance de l’océan, etc.

En 1992, le GIEC propose une version actualisée du même rapport. Cette version confirme les principales conclusions du premier rapport du GIEC, en particulier les trois points suivants :

  • Les émissions de GES dues aux activités humaines augmentent la concentration de l’atmosphère en GES.
  • Les concentrations de GES dans l’atmosphère continuent d’augmenter en raison des activités humaines.
  • Les études de modélisation semblent indiquer que la hausse de la température mondiale resterait dans une fourchette comprise entre 1,5 et 4,5 degrés.

La COP (Conférence des parties), se réunit pour la première fois à Berlin en 1995.

2e rapport du GIEC de 1995

On y parle des émissions de GES dues aux activités humaines et de l’effet de serre mondial qu’elles entrainent. En ressort le Protocole de Kyoto en 1997, moins de 10 ans après la création du GIEC. Problème, le Protocole de Kyoto n’est pas ratifié par les Etats-Unis et le Canada s’en désengage. C’est pourquoi il est seulement mis en oeuvre en 2005.

3e rapport du GIEC de 2001

Les modèles de projection du climat progressent. Est constatée l’augmentation des émissions de GES. De nouvelles preuves de l’impact des activités humaines sur le changement climatiques sont fournies et on parle désormais d’une fourchette d’augmentation de la température terrestre entre 1,4 et 5,8 degrés d’ici à 2100. On y parle également des vagues de chaleur ainsi que de l’élévation du niveau marin.

4e rapport du GIEC de 2007

Le rapport du GIEC de 2007 précise les choses : le changement climatique y est affirmé et causé par l’Homme avec une certitude proche de 70%.

5e rapport du GIEC de 2014

En 2014, le rapport du GIEC est formel : la cause anthropique au changement climatique passe à 95%. C’est pourquoi je trouve l’étonnement de la plupart des médias hypocrite : en 2014 déjà, on savait à 95% que le changement climatique était dû à l’activité humaine. Ce 5e rapport constitue la base scientifique de l’Accord de Paris. C’est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques adopté par 196 Parties lors de la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015 et entré en vigueur le 4 novembre 2016. Son objectif ? Limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré

Et en 2021, le 6e rapport du GIEC

Le rapport du GIEC de 2021 permet d’établir avec certitude plusieurs choses :

  • Le changement climatique est dû à l’activité humaine. Il s’agit maintenant d’une vérité absolue. Plus précisément : la cause établie est l’augmentation des gaz à effet de serre, dits GES (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote).
changement climatique température
Source : Le Monde.fr (réchauffement climatique)
  • La Terre se réchauffe. Cela signifie que partout dans le monde, il y a une élévation de la température, mais aussi des températures extrêmes plus fréquentes. La superficie de l’Arctique rétrécit et pourrait même disparaitre certains mois de l’année à l’horizon 2021. Actuellement, la Terre s’est déjà réchauffée de 1,1 degré. Auparavant des vagues de chaleur avaient lieu tous les 50 ans. Elles pourraient avoir lieu 40 fois plus fréquemment si la température de la Terre augmente de 4 degrés. Un exemple ? Des canicules à 50 degrés en France, comme certains pays, comme le Canada ont déjà pu le vivre cet été.
  • Le GIEC a établi 3 projections :
    • réchauffement de la Terre à 1,5 degré : scénario hautement improbable. Il implique des décisions politiques drastiques de diminution d’émissions de GES.
    • réchauffement de la Terre à 2 degrés : scénario de faible probabilité. Les gouvernements doivent entreprendre des actions politiques sévères pour réduire les GES et l’utilisation d’énergies fossiles.
    • réchauffement de la Terre à 4 degrés : scénario possible, si on ne fait rien.
  • Les impacts du changement climatique ne sont pas pareils partout sur la Terre. Certaines régions sont plus à risque de sécheresses intenses et fréquentes : le pourtour de la Méditerranée et de la Mer Noire, l’Amérique centrale et le sud-ouest des USA, le Chili, le sud et la côte ouest de l’Afrique et l’Amazonie.
  • Le niveau de la mer va augmenter.
  • La mer va plus encore s’acidifier.
  • Nous avons déjà consommé 2 560 milliards de tonnes de CO2 depuis 1750. Il nous reste 500 milliards de tonnes de C02 pour ne pas dépasser 1,5 degré et 1150 milliards de tonnes de C02 pour ne pas dépasser 2 degrés.
budget carbone changement climatique le monde
Sources : Le Monde.fr (budget carbone)
  • Pour la première fois, le rapport du GIEC évoque des points de bascule, comme probabilités. Il s’agit d’événements qui entrainent des conséquences irréversibles à l’effet boule de neige, comme par exemple la fonte de la calotte glaciaire ou la disparition de l’Amazonie. Cela veut dire, qu’au point de bascule, même en cessant toute émission de CO2, la Terre continueraient à en produire d’elle-même.
  • Il est important d’agir sans plus attendre.

Comment agir ?

Il est primordial de ne pas sombrer dans l’écoanxiété. Oui, ça fait peur, oui c’est dramatique, mais cette réalité est criée par le corps scientifique depuis des décennies.

La COP26 de Glasgow prendra cours du 01 au 12 novembre 2021. C’est à ce moment-là que les gouvernements du monde entier auront la possibilité de prendre des décisions drastiques. Alors, demandons-leur. Mieux, exigeons-leur. Par exemple, en signant la pétition pour une politique climatique ambitieuse proposée par Oxfam.

Aux décideurs et aux décideuses de notre monde de ne pas se laisser emporter par le bénéfice du court terme, d’écouter leur bon sens pour ne pas courir le risque de voir l’humanité disparaitre. Car, après tout, ce n’est pas la Terre qui est en péril, mais bien l’espèce humaine. Jamais au grand jamais, l’expression “L’Homme est un loup pour l’Homme” n’a eu autant de sens…

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2 commentaires
  1. Bonjour,

    Merci pour cet article qui doit en éclairer plus d’un ! Je suis bien d’accord, tout ce que le rapport de 2021 a annoncé nous le savions déjà mais le délai est plus long… Le délai sera encore plus long dans l’esprit des gens. C’est comme mettre des grenouilles dans l’eau chaude et leur dire que l’eau va continuer à chauffer. Elles s’affolent quand l’eau finit par bouillir mais il est déjà trop tard.
    Toutes ces annonces peuvent vite faire sombrer dans l’écoanxiété, j’ai pour ma part ressorti mon bouquin de Laure Noualhat pour me recentrer sur l’essentiel !
    Belle journée

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