La mode éthique, c’est pas du toc

Voici un sujet dont je vous ai déjà parlé en streetcast, c’est celui de la mode éthique. Il me semble essentiel lorsqu’on parle de mode éthique d’évoquer d’abord la fast fashion et ses dérives. Pour que nous puissions, en tant que consommateurs, faire nos choix en toute conscience. J’espère que cet article vous apportera des éclaircissements, des pistes de réflexion et que vous lui pardonnerez ses longueurs, nécessaires à mon sens, pour une approche de ce sujet complexe.

Bonne lecture !

La fast fashion, un principe d’obsolescence

La fast fashion, c’est la mode éphémère. C’est le fait de renouveler le plus rapidement possible les collections de vêtements, tant dans les magasins que dans nos gardes-robes. Le principe sous-jacent, vous le devinez bien sûr, c’est de nous faire consommer toujours plus. Pour ce faire, on utilise deux pratiques : l’obsolescence programmée et l’obsolescence perçue. L’obsolescence programmée, c’est le fait de fabriquer des objets, des vêtements conçus pour avoir une durée de vie limitée. Tandis que l’obsolescence perçue, c’est un procédé qui consiste à nous faire penser qu’un vêtement est devenu obsolète. Notamment par la publicité, les magasins, etc.

Un exemple d’obsolescence perçue, c’est celui des talons de chaussures. Une année, les talons seront plats, une autre hauts et fins, une autre ils seront carrés. Tout cela pour nous faire percevoir aux yeux des autres que nous ne sommes pas à la pointe de la mode, que nos chaussures, et par extension, nous consommateurs, sommes obsolètes.

“La fast fashion, c’est comme la fast food. La dose de sucre passée, il ne vous reste qu’un mauvais goût en bouche”. Copyright : Pinterest

La fast fashion exprime aussi l’idée de vitesse : produire le plus possible de collections par an. De 2 saisons par an, nous sommes passés de 8 à 52 saisons par an ! Dans les grandes enseignes, telles que Zara, H&M, Primark, Forever21, un nouvel article est proposé chaque semaine. Les vêtements sont proposés à des prix attrayants, ou avec des réductions de type « 2+1 gratuit » afin de nous inciter à toujours acheter de nouveaux vêtements. Elle nous permet de jeter sans regret.

La fast fashion mise sur le prix le plus bas possible. Plus les vêtements sont sous-traités, moins le coût de production est élevé. Comme les vêtements sont fabriqués dans des pays où les salaires des ouvriers sont très bas, et que le nombre de vêtements produits est très élevés, l’industrie vestimentaire réduit ses coûts de production.

Elle mise aussi sur le choix : en produisant le plus vite possible au départ de modèles simples et de tissus peu raffinés.

Et cela fonctionne.

Un manque de respect pour l’Homme et la Terre

C’est en avril 2013 qu’un événement tragique nous ouvre les yeux sur les impacts de la mode. Un bâtiment de 8 étages s’effondre au Bangladesh, faisant 1129 morts, des ouvriers du textile travaillant pour des marques de la fast fashion. Cet événement révèle les conditions de travail de ces travailleurs : des conditions effroyables où la sécurité n’existe pas. Le bâtiment était reconnu comme dangereux et la direction en était informée. Et savez-vous comment l’industrie de la mode défend ces bas salaires, ces conditions dangereuses ? Car elle crée de l’emploi !

40 millions d’ouvriers travaillent dans l’industrie textile et plus de 85% sont des femmes. Leur salaire ? Moins de 3 dollars par jour.  Elles n’ont aucuns droits syndicaux, pas de retraite, d’allocation maternité….C’est pourquoi l’industrie de la mode va au Bangladesh, de la Chine : pour tirer un maximum de profit de ces ouvrières.

A côté des droits humains bafoués, c’est aussi l’environnement qui paie pour nos vêtements bas de gamme. L’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde (derrière l’industrie pétrolière) et, plus particulièrement, la fast fashion véhicule de nombreux produits chimiques non dégradables.

Copyright : ecoalf

Puisqu’il faut produire toujours plus, il faut aussi intensifier la culture des matières utilisées. Le coton est la matière la plus utilisée dans la mode. Comme le coton est fragile, il doit recevoir une grande quantité d’engrais et de pesticides. Le coton utilise un quart du total de pesticides dans le monde. Cancers, retards mentaux, handicaps physique sont les conséquences de l’usage abusif qui est fait d’engrais et de pesticides dans les pays cultivateurs tels que l’Inde. Les traitements chimiques du coton polluent également les sols et l’eau. D’où l’importance d’utiliser des matières écologiques, qui auront un usage raisonné des intrants tels que les pesticides ou les engrais.

Les matières synthétiques, comme le polyester ou l’élasthanne, par exemple, contiennent des microparticules de plastiques, qui partent dans les eaux usées lorsque nous lavons nos vêtements, et puis dans les décharges et qui finissent par se retrouver dans l’océans. Consultez mon article sur le plastique pour en savoir plus.

La plupart des déchets textiles ne sont pas biodégradables. Un Américain moyen jette 37 kilos de textile chaque année. Ces vêtements rejettent des gaz nocifs en pourrissant dans des décharges en Inde, en Chine ou d’autres pays. Ils peuvent être incinérés mais cela engendre le dégagement d’une grande quantité de CO2 dans l’atmosphère, accentuant le phénomène du réchauffement climatique.

Les usines de cuir polluent les rivières, les nappes phréatiques et les sols. L’eau potable est contaminée par ces produits toxiques, ces métaux lourds comme le plomb et le chrome. Cela affecte gravement la santé des gens : problèmes cutanés, problèmes d’estomac, de digestion, cancers du foie…

La mode utilise énormément de ressources naturelles, telles que l’eau. Il faut plus de 5 200 litres d’eau pour récolter 1 kg de coton. L’industrie textile est responsable de près de 20% de la pollution de l’eau.

“Produire un tshirt consomme 2720 litres deau. Ce que nous buvons en 3 ans”. Copyright : Pinterest

La fast fashion accomplit un grand travail de propagande pour nous faire oublier tout ça, au travers de la pub : l’idée est de nous faire croire que notre bonheur sera obtenu en achetant ce vêtement. Et si ce n’est pas celui-là, la semaine prochaine, un autre vêtement nous rendra sublime. En gros, pour résoudre nos problèmes, le mieux est de consommer.

Nous achetons 400 fois plus de vêtements qu’il y a 20 ans. 80 milliards de vêtements par an. Nous avons en moyenne 120 vêtements dans notre garde-robe.

“Et 40 des vêtements ne sont rarement ou jamais portés” Copyright : Greenpeace

La slow fashion, une consommation raisonnée

Consommer sans réfléchir, acheter des vêtements qu’on ne portera peut-être qu’une fois, sans réfléchir une seule seconde à l’ouvrier et ses conditions de travail épouvantables, sans réfléchir tout court. Et c’est ce manque de respect de la fast fashion envers les fabricants mais aussi envers le consommateur qui me dégoûte. « Achète, achète, achète » ce vêtement pas très bien coupé, dans un tissu rempli de produits chimiques et de piètre qualité mais qui n’est pas vraiment cher, alors pourquoi ne pas craquer ?

Je pense que nous avons notre responsabilité, en tant que consommateurs. Nous ne pouvons plus fermer les yeux, et nous pouvons, à notre niveau, agir pour une mode meilleure. Cette frénésie consumériste ne nous rend pas plus heureux, et rend très certainement malheureux des millions d’ouvriers. La fast fashion pourrit l’environnement, porte atteinte à la santé de travailleurs, mais aussi à à la nôtre, nous qui portons des vêtements plein des produits toxiques.

Posons-nous quelque peu.

La slow fashion, justement porte bien son nom. Pour nous consommateurs, elle nous invite à ralentir le rythme de nos achats. A stopper d’acheter des choses bon marché, de piètre qualité, jetables finalement. Elle nous incite à acheter moins , mais mieux : de meilleure qualité, sans produits nocifs, et dans le respect des travailleurs. La slow fashion, c’est aussi acheter de la seconde-main, local, ne pas jeter ses vêtements, mais les donner ou les revendre.

La slow fashion, un engagement éthique

Les marques de mode responsable portent plusieurs enjeux :

  • éthique : salaire décent, interdiction du travail des enfants, conditions de sécurité, le commerce équitable, la formation des femmes, la mise en valeur de savoir-faire
  • respect des animaux : éviter la souffrance animale en n’utilisant pas de fourrure ou de cuir, ni de laine
  • réduction de l’empreinte écologique : notamment avec des emballages éco-friendly
  • matières éco-responsables : le lyocell (ou Tencel®), le chanvre, le lin et le coton bio.
  • production la plus locale possible

Retrouvez une série de marques que j’affectionne dans la catégorie Carnet d’adresses.

Ma réflexion

Puisqu’un vêtement est porteur d’un ensemble de valeurs, ne souhaitez-vous pas que votre vêtement soit porteur de ces valeurs-ci plutôt que celle de la fast fashion ?

Notre façon de nous habiller parle  de nous. Un vêtement est porteur d’un ensemble de valeurs. S’habiller c’est quelque part raconter une histoire.

Quelle est l’histoire que vous voulez raconter ?

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